Le théâtre grec : la tragédie

     L’histoire de la tragédie grecque coïncide avec le développement de la démocratie athénienne au cours du Ve siècle avant J.-C. L’épanouissement de la tragédie décline ensuite avec la dégradation du régime politique.

     L’organisation des concours tragiques

      Les représentations ont lieu chaque année à la fin du mois de mars à l’occasion des Grandes Dionysies. Les festivités sont organisées comme un concours entre trois auteurs désignés par l’archonte qui attribue à chacun d’eux un chœur d’une quinzaine de citoyens et des acteurs. Il nomme également trois chorèges qui prennent en charge les frais des répétitions et des représentations. Chaque auteur fait ensuite jouer une tétralogie composée de quatre tragédies et d’un drame satyrique. A l’issue des trois jours de représentation, dix spectateurs-citoyens sont tirés au sort pour être les juges du concours : ils classent par ordre de préférence les trois auteurs concurrents. L’archonte tire enfin au hasard cinq tablettes pour désigner le vainqueur.

      L’organisation de l’espace théâtral

      Les spectacles ont lieu en plein air et en plein jour  dans un espace spécialement aménagé et scrupuleusement structuré entre le public et la scène, mais aussi entre le chœur et les acteurs.

Le théâtre antique d’Epidaure
  • Les spectateurs sont assis sur les gradins disposés en hémicycle faisant un arc de 200 à 240° : le theatron (lieu d’où l’on regarde).
  • Au centre du theatron se trouve l’espace circulaire d’une vingtaine de mètres de diamètre : l’orchestra, faite de terre battue, destinée au chœur.
  • Au milieu de l’orchestra se dresse l’autel dédié à Dionysos : la thymêlè, accueillant la statue du dieu pendant les représentations.
  • De chaque côté de l’orchestra se trouvent deux rampes d’accès : les paradoi, qui permettent les entrées et les sorties du chœur et des acteurs.
  • Derrière l’orchestra se dresse une petite construction en bois : la skênè, qui abrite les masques et les costumes et qui sert de coulisse aux acteurs. Elle figure en général un palais, un temple ou une maison pour suggérer l’espace dramatique dans lequel se déroule l’action. Elle dispose de trois portes béantes par lesquelles entrent et sortent les (trois) comédiens.
  • Devant la skênè, enfin, s’étend un espace légèrement surélevé : le proskénion, l’aire de jeu réservée aux acteurs, faisant cinquante mètres sur trois mètres de profondeur.

 

      La tragédie grecque en dates

  • au VIe siècle : les Panathénées, jeux en l’honneur d’Athéna, ressemblent aussi bien des disciplines sportives et gymnique qu’un concours de récitations épiques et un concours de musique : comme les rhapsodes comportent des passages au style direct, le jeu dramatique a pu apparaître dans leur récitation
  • 534 : la tragédie naît à partir de l’improvisation, du genre satyrique, mais aussi des formes lyriques comme le dithyrambe ; elle semble liée à l’exercice des pratiques religieuses. Les représentations théâtrales ont en effet lieu, à la fin du mois de mars, à l’occasion des Grandes Dionysies instaurées à Athènes, en 534, par le tyran Pisistrate
  • ? : Thepsis aurait fait dialoguer un acteur, hypokritès, avec le chœur : le visage de cet acteur serait couvert d’un masque incarnant le personnage héroïque dont il interprétait la passion
  • 526 : la naissance d’Eschyle, qui gagnera treize fois aux concours tragiques
  • 496 : la naissance de Sophocle, futur rival d’Eschyle ; il remportera la victoire dix-huit fois aux Grandes Dionysies
  • 486 : le premier concours de comédie
  • 485 : la naissance d’Euripide, futur rival de Sophocle à son tour
  • 472 : Les Perses d’Eschyle, la première tragédie conservée
  • 470 : la naissance de Socrate
  • 468 : la première victoire de Sophocle aux concours tragiques
  • 458 : la seule trilogie liée qui nous est parvenue, L’Orestie, composée d’Agamemnon, des Choéphores et des Euménides
  • 456/455 : la mort d’Eschyle
  • autour de 450 : premières pièces d’Euripide, qui sera désigné quatre fois vainqueur aux concours tragiques
  • 442 : Antigone de Sophocle
  • 431 : le début de la guerre de Péloponnèse
  • autour de 427 : Œdipe roi de Sophocle
  • autour de 413 : Électre de Sophocle
  • 409 : Philoctète de Sophocle obtient le premier prix
  • 406 : la mort d’Euripide, puis celle de Sophocle
  • 401 : une représentation posthume d’Œdipe à Colone de Sophocle
  • 399 : la condamnation de Socrate
  • 384 : la naissance d’Aristote
  • vers 335 : dans sa Poétique, Aristote (384-322) mène une réflexion critique sur le genre tragique